« « Cou-cou, cou-cou ». Réglé comme une horloge suisse, le retour du coucou tombe toujours à la même date, parfois à 3-4 jours près. Tout comme les hirondelles, il symbolise le retour du printemps. Il est aussi porteur de chance, selon la tradition populaire : « Qui entend le coucou avec une pièce dans la poche aura de l’argent toute l’année », dit-on. Mais qui est donc cet oiseau mystérieux, à la fois discret et emblématique ?
Voyageur discret : le coucou ferait-il tout pour échapper au radar des autres oiseaux ?
Le Coucou gris est un migrateur nocturne.
Vous aurez l’occasion de l’observer dès le début du printemps, à la fin mars-début avril, de retour de son long périple depuis l’Afrique équatoriale. Il quittera le territoire à la fin d’été, en septembre. Une sacrée boucle de 12 000 kilomètres pour un oiseau d’à peine 120 grammes !
En France, nous pouvons observer 2 espèces de Coucou :
- le Coucou geai, présent plutôt sur le bassin méditerranéen du Var jusqu’aux Pyrénées-Orientales, ne fait pas « cou-cou cou-cou » comme son cousin mais parasite aussi les nids avec une préférence pour les corvidés (pies, corneilles, geais)
- le Coucou gris, dont il s’agit dans cet article


Comment le reconnaître ?
De la taille d’une Tourterelle turque, le Coucou gris peut vivre jusqu’à une dizaine d’années. Le mâle arbore un plumage gris uniforme sur le dessus, des ailes à la tête, avec une gorge légèrement plus claire. Les femelles, elles, présentent des variations de couleur, avec parfois des teintes brunes plus marquées, voire même des variations rousses (comme sur la première photo).

Sa silhouette rappelle celle d’un petit rapace. La femelle, en particulier, a un vol ressemblant à l’épervier qui peut vite semer la panique autour d’elle. Astucieuse, car en provoquant des réactions chez les petits oiseaux, cela lui facilite ainsi le repérage !

Un oiseau farouche, fidèle à la forêt et aux bocages
Le Coucou, qu’il soit geai ou gris, affectionne les milieux boisés : pinèdes, forêts de chênes-lièges, oliveraies… et fait souvent le tour des bocages et marais. En revanche, ce n’est pas un oiseau que vous retrouverez en milieu urbanisé.
Un régime particulier, une préférence marquée
Insectivore, le Coucou gris se nourrit de toutes sortes d’insectes (libellules, criquets, larves) mais il a une préférence pour les chenilles, notamment les plus velues et urticantes comme les chenilles processionnaires. 60% de son régime contient des chenilles de papillons nocturnes ! Les coléoptères arrivent en deuxième position dans son régime alimentaire. Quelques vers et limaces peuvent également faire partie du menu.
Un oiseau extraordinaire… et déroutant

Le coucou est un oiseau aussi extraordinaire que méconnu. Son chant emblématique, clair et mélodieux, est inversement proportionnel à sa discrétion. On l’entend souvent, on le voit rarement. Mais ce n’est pas là sa seule singularité : le Coucou gris est l’un des rares oiseaux à ne pas fonder de « famille » au sens habituel. Il ne construit pas de nid, ne couve pas ses œufs, et n’élève pas ses petits. À la place, il confie entièrement cette tâche… à des parents adoptifs, qui ne sont jamais de son espèce.
Ce comportement, appelé parasitisme de couvée, ne concerne qu’environ 1% des 10 000 espèces d’oiseaux recensées dans le monde. Le Coucou gris en est l’un des représentants les plus perfectionnés !
L’art du parasitisme ou comment remplacer un oeuf en moins de dix secondes…
Il peut parasiter plus de 150 espèces d’oiseaux, même si, dans les faits, une quarantaine sont régulièrement visées.
Parmi elles :
- la Bergeronnette grise
- le Rougegorge familier
- le Troglodyte mignon
- les Pipits spioncelle ou des arbres
- la Fauvette à tête noire
- l’Alouette des champs
- le Rougequeue noir
- les Rousserolles effarvatte, turdoïde ou verderolle
- le Pinson des arbres
- l’Hirondelle rustique
- le Bruant jaune…
Tous ont un point commun : ce sont des passereaux insectivores qui nourrissent leurs petits au nid jusqu’à l’envol. Un critère crucial pour que le jeune Coucou ait une chance de survivre. Un verdier ou un chardonneret par exemple ne sera pas choisi car les oisillons peuvent être nourris de graines.
Mais le Coucou ne se contente pas de déposer ses œufs au hasard. Il déploie de véritables stratégies pour duper les futurs parents adoptifs. Son arme principale ? Le mimétisme. Chaque femelle appartient à une « tribu », c’est-à-dire une lignée spécialisée dans le parasitisme d’une espèce hôte précise. Ainsi, une femelle coucou « spécialisée » dans les Rousserolles pondra des œufs mouchetés, imitant ceux de cette espèce. Une autre, ciblant les Rougequeues noirs, pondra des œufs tout blancs, tandis qu’une femelle parasitant les Rougequeues à front blanc produira des œufs bleu ciel.




Pour cela, la femelle Coucou se livre à un vrai travail de « birdwatching » : elle scrute les aller-retours de tous les petits oiseaux, spécialement ses hôtes potentiels trahis par leur transport de brindilles dans le bec qui indique la construction d’un nid… Pendant qu’elle mène son enquête, quelques œufs mûrissent dans son ventre !
Ce mimétisme est transmis de mère en fille, sans intervention des gènes paternels. Les femelles perpétuent donc l’héritage de leur tribu, tandis que les mâles, eux, peuvent s’apparier avec des femelles de n’importe quel groupe.
Une femelle pond en moyenne neuf œufs par saison, au rythme d’un tous les deux jours, et parfois jusqu’à une vingtaine si les conditions sont favorables et les nids d’hôtes potentiels particulièrement abondants.
Un poussin taille XXL sans pitié !
Douze jours après la ponte, généralement en mai, l’œuf de Coucou éclos. Il aura fallu près de 7 heures de coups de bec pour briser l’épaisse coquille. Le poussin, nu et aveugle, ne pèse que quelques grammes. Il se repose à peine une journée… avant d’accomplir une tâche brutale mais essentielle : expulser du nid tous les autres œufs ou oisillons présents. Tel un serial killer, il y parvient à force d’efforts, en se glissant sous eux pour les pousser au bord du nid, puis les faire basculer dans le vide, même s’ils sont plus gros que lui.
C’est ainsi que le petit Coucou devient l’unique occupant du nid et accapare toute l’attention — et toute la nourriture — de ses parents adoptifs, qui, dupés, le nourriront jusqu’à son envol.
Vers une diminution progressive des populations de Coucou gris… ?

Aussi fascinant soit-il, le Coucou gris n’échappe pas à la crise que traversent de nombreuses espèces d’oiseaux. Sa population nicheuse est aujourd’hui considérée en déclin.
En Île-de-France, l’Observatoire régional des oiseaux communs (OROC) a enregistré une baisse de 26 % des effectifs sur la période 2003-2017 — un recul encore plus marqué que celui observé au niveau national.
-85% : c’est le déclin des effectifs de Coucou gris en Angleterre ces trente dernières années !
Cette dégringolade s’explique en partie par l’agriculture industrielle, la réduction des habitats naturels (haies) et la diminution des insectes. Il nous rappelle que la nature fonctionne par réseaux subtils, et que la disparition d’un chant peut annoncer bien plus qu’un simple silence.
Son chant, reconnaissable entre mille !
Qui n’a jamais entendu ce « cou-cou, cou-cou » lors d’une balade printanière en forêt ? Et qui n’a jamais tenté de lui répondre ? Gonflé à bloc par les hormones printanières, il peut lâcher 25 coucous en l’espace de trente secondes et enchaîner son appel jusqu’à 300 fois.
Ce célèbre chant, c’est celui du mâle, qui le répète inlassablement pour défendre son territoire ou attirer une femelle. La femelle, pour sa part, se fait plus discrète… concentrée sur une toute autre mission : trouver un nid, pour y déposer l’un de ses œufs.
Et si vous faisiez chanter la forêt ?
Un appeau « Coucou » artisanal Made in France
Par un matin de printemps, alors que la brume caresse encore le ciel et que la rosée perle sur les herbes folles, les chants d’oiseaux s’élèvent et se font écho à travers prairies et boisements… Ils se répondent, tissant un dialogue invisible au-dessus des prairies et des bois. Et puis, soudain, se dévoile enfin, annonciateur du Printemps, le célèbre « Coucou… Coucou… ». Simple, doux, mémorable. C’est ce souvenir d’enfance que j’ai retrouvé grâce à un petit objet aussi discret que merveilleux : un appeau Coucou, façonné à la main au cœur des forêts jurassiennes.

A la rencontre d’une boutique artisanale, éthique et locale
Tout a commencé par un échange avec Sébastien, fondateur de Source Shop, qui tient une jolie boutique indépendante nichée dans le Jura, à moins d’1h de Lyon et proche de la Suisse.

Si vous ne connaissez pas le Haut Jura, imaginez des forêts majestueuses à perte de vue, des montagnes, des falaises imposantes, des chutes d’eau et des lacs turquoise… Un paysage qui respire la sagesse, la tranquillité et l’équilibre.
Sébastien a été éduqué dans la simplicité avec l’art de vivre jurassien : le bois, la céramique et le cuivre sont des matières avec lesquelles il a grandi. Il adapte son mode en vie en harmonie avec les saisons : ramasser ses champignons en automne, cueillir son ail des ours au printemps… En souhaitant mettre en valeur ce qui lui tient à cœur, ce qui est autour de lui, c’est aussi faire valoir les petites entreprises indépendantes et familiales, au savoir-faire unique, chacune dans leur propre domaine.
À travers sa boutique, il fait vivre cet héritage, en proposant des produits artisanaux, écoresponsables, accessibles à tous. Source Shop, ce sont des produits bio jusqu’à -50%. Sébastien considère que le bio ne devrait pas « être un luxe » et a fait le choix, depuis ses débuts, en 2017, de proposer des prix défiants toute concurrence… tout en restant une enseigne locale et indépendante.
Très vite, partageant les mêmes valeurs d’authenticité, de nature et de simplicité, il a accroché à l’univers du blog. Il m’a alors proposé de découvrir l’appeau coucou, fabriqué au cœur du Jura, dont je vous parle juste ici !
Le chant du Coucou, entre vos mains
C’est dans ce décor, dans une petite tournerie artisanale, que l’artisan passionné qui l’accompagne, Olivier, fabrique des appeaux.

Un appeau, c’est un petit instrument en bois qui imite le chant des oiseaux. Il existe autant d’appeaux que d’espèces d’oiseaux ! L’appeau proposé par Olivier et Sébastien reproduit à merveille celui du coucou, ce chant tendre et un peu nostalgique que l’on reconnaît bien.
Adapté aux enfants curieux de nature comme aux adultes amoureux du vivant, c’est un objet simple et ludique, qui permet de se reconnecter au monde vivant. Son design rustique, en écorce de noisetier, lui donne un charme naturel et brut.
Chaque appeau fabriqué par l’artisan est unique, taillé dans l’écorce brute, comme un morceau de forêt que l’on emporterait dans son sac à dos…
Un objet, une philosophie
Olivier travaille avec passion et engagement. Pour lui, qualité, éthique et écologie vont de pair. Choisir cet appeau, c’est :
- Privilégier le fait-main et un savoir-faire artisanal
- Offrir ou s’offrir un cadeau unique, durable et réutilisable, sans emballage
- Encourager un artisan local, engagé dans la préservation de son territoire
- Favoriser la vente en circuit court et sans déchet : direct de l’atelier à chez vous !
- Redécouvrir le plaisir simple d’imiter les oiseaux
Envie de tester l’appeau ?
Si, comme moi, le simple chant d’un oiseau suffit à réveiller votre âme d’enfant, alors vous allez adorer cet objet original et un brin décalé !
Et qui sait… peut-être qu’au détour d’un sentier, un vrai coucou viendra vous répondre ?
Sources :
LPO – Coucou gris, par l’Observatoire Biodiversité
oiseaux.net : Coucou gris, par Jean François le 6/10/2020
MNHN & OFB [Ed]. 2003-2025. Fiche de Cuculus canorus Linnaeus, 1758. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN). Site web : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/3465 – Le 13 avril 2025
Revue La Salamandre : Coucou t’es où ? n° 251 avril-mai 2019