Dans un petit mois, je pars quelques jours en Espagne. Aurais-je l’occasion de voir cette charmante et farouche demoiselle qu’est la Talève sultane ?
A l’allure étrange et au plumage très coloré, allant du bleu scintillant au rouge vif, elle doit faire partie des bêtes à plumes les plus timides que j’ai rencontrées… Ah oui, avec les marouettes et les Râles d’eau, on est bien dans la même famille assez peureuse des rallidés.

Comme vous pourrez le remarquer sur les photos, la talève est la plus grande des rallidés de France ! Elle peut mesurer jusqu’à 1 mètre d’envergure.
Chez nous, elle est assez présente dans le sud. Il vous faut descendre le long de la côte méditerranéenne pour tenter de l’apercevoir : en Camargue, dans l’Aude ou dans l’Hérault par exemple.
Discrète comme elle est, elle évite de nager, mais il lui arriver de piétiner la végétation flottante (les nénuphars ou les joncs). On peut aussi l’observer, perchée sur des typhas, à la manière du Butor étoilé (encore un oiseau farouche et familier des roselières), décortiquant une hampe de roseau qu’elle tient avec l’une de ses pattes.
Si vous n’avez pas la chance de l’observer, il ne vous reste plus qu’à vous familiariser avec ses cris !
La force et la vivacité de cet oiseau remarquable s’expriment bien dans ses capacités vocales, que l’on entend surtout au crépuscule et à l’aube, mais aussi de nuit en concerts excités […] sonorités souvent étranges : cancanements retentissants, coups de trompette isolés ou répétés…. appels ascendants…en crécerelles dures, etc. Les ricanements et les appels peuvent avoir une tonalité humaine, notamment dans les crescendos plaintifs.
Grands échassiers, gallinacés et râles d’Europe par Paul Géroudet.
Quelques cris :

Méfiante, ah ça oui, il faut dire que la talève était peu connue jusque dans les années 1990 et beaucoup chassée car certainement confondue avec la foulque ! Ce n’est qu’en 1999 qu’elle a été classé espèce protégée. Maintenant, elle essaie tant bien que mal de faire sa vie parmi les roseaux.
On dit de la talève qu’elle est omnivore, mais avant tout végétarienne ! Elle se nourrit surtout de tiges de roseaux, de feuilles, de racines, de fleurs et de graines. Elle mange les animaux en petites quantités : vers, mollusques, insectes, petits poissons, serpents. Elle irait aussi s’attaquer aux œufs ou poussins d’autres espèces d’oiseaux d’eau.

Encore assez peu répandue, son expansion se fait faible car elle subit les assèchements des zones humides, liés aux manques d’intempéries mais aussi à l’urbanisation massive et les pollutions par les insecticides et le plomb…
Je vous souhaite de pouvoir rencontrer ce drôle d’oiseau au cours de votre vie !
A très bientôt sur le blog ou en sortie nature.
Sources :
MNHN & OFB [Ed]. 2003-2024. Fiche de Porphyrio porphyrio (Linnaeus, 1758). Inventaire national du patrimoine naturel (INPN). Site web : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/3067 – Le 3 avril 2024
oiseaux.net : Talève sultane par Jean-Pierre Trouillas le 2/08/2023